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"amaurose" : esthétiques, medias, societés et autre
16 mars 2014

Henri Michaux : une ombre portée du et sur le langage

 

paysage_michaux

 

portrait_michaux

(C) 1 & 2 kader.Benamer

 

La langue de Michaux, car il y'a de cela (autrement dit) dans son écriture, sa poïetique et sa poétique est une ombre portée sur et du langage. Fantôme familier et étrange d'une sémiologie déconstruite. Nous avons fait une contribution sur ce dernier dans le cadre d 'unn travail universitaire dont la thematique etait : "Principe et effet d’ajout : addi(c)tions textuelles dans L’infini turbulent d’Henri Michaux".

Ci-apres l'argumentaire

"Ni théorique, ni exhaustive, notre étude se veut comme une approche restreinte et modeste sur une notion au statut assez ambivalent qui est celle « de l’ajout » telle qu’elle se présente dans les énoncés et plus particulièrement dans des textes à vocation littéraire. Nous nous appuierons pour interroger et illustrer celle-ci sur l’ouvrage d’Henri Michaux, L’infini Turbulent dont nous dégagerons certains passages pour constituer notre corpus d’étude.

Cependant à notion problématique, texte et auteur problématiques.

En effet que dire de l’ajout dans les différentes pratiques linguistiques que sont les situations d’énonciation, les productions discursives et les textes si ce n’est qu’elle est une opération intrinsèque voire consubstantielle de celles-ci. Plus trivialement et pragmatiquement, nous pouvons que constater qu’en langue, il est naturel d’ajouter. Comme la prose pour Monsieur Jourdain nous le faisons constamment, sans en avoir l’air et en avoir pleinement conscience.  Vu sous cet angle, cette notion se présente de prime abord comme un ordinaire du langage comme une sorte de truisme inhérent à son fonctionnement qui de ce fait revêt peu d’épaisseur épistémologique. Pourquoi s’intéresser alors à elle et en faire un objet d’étude. Car malgré son apparente évidence et banalité  elle suppose et ouvre des perspectives intellectuelles profondes et des questionnements pertinents concernant différents aspects linguistiques et propres aux sciences du langage plus largement au domaine littéraire.  A bien considérer on s’aperçoit que tout ajout effectue entre autre un travail de marquage (sémantique), de retour (lexical) et de déstructuration (morphosyntaxique) sur la langue et plus précisément sur les éléments fondamentaux qui la constitue. Il (dé)montre implicitement ou en creux  les manques, les insuffisances voire l’impuissance de la langue et de son rapport au réel.  L’ajout est la conséquence d’un vouloir et d’une possibilité du dire.
Ajouter c’est dire (ou du moins reconnaitre) le moins de la langue.
Notre première préoccupation sera donc de préciser cette notion et voir si elle supporte l’épreuve du concept.
Par ailleurs, l’auteur et le texte pour lesquels nous avons optés sont dans une certaine mesure équivoques. Sans tomber dans un biographisme inapproprié, il est utile de rappeler qu’Henri Michaux, né à Namur est un écrivain belge de langue française. Autrement dit il nait dans un pays où contrairement  à la France, la langue française ne jouit pas  d’une suprématie et d’un monopole culturels.  Elle est en constante relation de diglossie manifeste avec le flamand et accessoirement avec l’allemand. Michaux accentua ce phénomène en multipliant les voyages (Uruguay, Argentine, Equateur, Inde, Indonésie, Chine, Japon voire dans ces contrées imaginaires que sont la Grande Garabagne ou Poddema...)
C’est ainsi que nous pouvons estimer que pour cet écrivain,  le français est en quelque sorte sur un plan socio-culturel et administratif mais aussi imaginaire) en situation d’ajout linguistique ou pour reprendre la terminologie du penseur créole, Edouard Glissant dans « une poétique de la relation »  (relation interne et externe)
En plus d’être Monsieur Plume ou ce Barbare en Asie, Michaux est ce francophone des confins et des frontières. Chez lui, les langues et les cultures qu’elles soient réelles ou fictives se croisent, se multiplient,  s’additionnent, se soustraient les unes aux autres.
Par ailleurs, pour ce qui est de son oeuvre, souvent par commodité éditoriale et facilité taxinomique, elle se trouve sagement rangée dans la poésie. Nous savons pourtant combien cette classification est réductrice et combien son œuvre déborde les limites du genre. A ce propos, Le recueil poétique, L’infini turbulent pousse un peu plus ce brouillage et cette extériorisation génériques. Il est en effet, le troisième volet publié en 1964, d’une tétralogie débutée par Misérable Miracle (qu’il commence en 1956) poursuivi par Connaissance par les gouffres (1961) et Les Grandes épreuves de l'esprit (1966) pour se finir sans se clore en 1972  par une nouvelle version de Misérable miracle, que Michaux consacra à des expériences d’écriture qu’il fit lors de prise de drogues (Haschich, LSD, Mescaline).
Il est donc ce poète de l’état second : encore de l’ajout mais cette fois psychique.
« Je est un autre », un autre dans tous ses états, état psychédélique certes. Réifier le voilà « absent de tout bouquet ». 
Addition et soustraction toujours le même mouvement dialectique, poétique et ontologique .

Ainsi, l’ajout est partout, il  fait force de loi et affirme les contraintes.

Allons voir cette familière étrangeté linguistique, cette altérité domestique du discours qu’est l’ajout  chez Michaux et considérons la manière dont il en fait usage dans cette matière lourde et labile qu’est le texte littéraire. 

Compagnie Marie Chouinard: Henri Michaux: Mouvements

One Armed Scissor (official video)

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Commentaires
"amaurose" : esthétiques, medias, societés et autre
  • L’homme n‘a jamais été aussi anachronique que dans nos cultures post-modernes. Sa condition individuelle est omniprésente mais versatile et plurielle. L’art, les médias, les faits de société sont les reflets sombres de ce phénomène.
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